L'harmonica est le plus petit et le plus simple des instruments à anches libres, mais il a un avantage considérable par rapport à ses cousins à soufflets : la sonorité et la tonalité de chaque note peut être altérée considérablement par le joueur. Cela fait de l'harmonica un instrument bien plus expressif que d'autres instruments de la famille des anches libres qui sont contraints de jouer les notes à une tonalité déterminée (ceci est vrai aussi pour certains des autres instruments à bouche de la famille, comme le sheng ou le melodica). Bien que certains accordéons soient capables d'une plus grande tessiture, d'un plus fort volume et d'une plus grande vélocité, ils sont souvent accusés de manquer d'âme en raison de leur incapacité à altérer les notes. S'il y a bien une chose qu'on entend jamais à propos de l'harmonica, c'est ça ! Ce facteur, combiné à son prix bas est sans doute la principale explication de son succès : c'est l'instrument qui s'est le plus vendu au cours du XXème siècle. Cet article parle des pistes nombreuses et variées que des joueurs et des concepteurs d'harmonica innovants explorent, repoussant les limites de l'harmonica pour atteindre un marriage optimal entre cette expressivité 'terrienne' (généralement associée aux harmonicas à 10 trous et anche simple, généralement appelés 'blues harp'), et la chromaticité qui jusqu'à récemment était associée au son plus 'raffiné' de l'harmonica chromatique (généralement un modèle à 12 trous avec une tirette permettant d'accéder aux dièses et aux bémols). Jusqu'au milieu des années 80, le chromatique était considéré comme le seul harmonica permettant de jouer des musiques "complexes", et toutes les star de l'harmonica classique ou jazz (Larry Adler, Toots Thielemans, etc.) jouaient de l'harmonica chromatique. Aujourd'hui, il y a un fort mouvement inspiré par les travaux de l'harmoniciste américain Howard Levy, pour creuser le jeu chromatique sur un harmonica diatonique à 10 trous, en utilisant les techniques de l'altération et des overblows, qui forcent les lamelles à produire des tons autres que celui auquel elles sont naturellement accordées ; entre les mains d'un joueur doué, ces techniques donnent accès à une gamme chromatique complète sur un harmonica diatonique. C'est dans ces directions que les évolutions les plus importantes de l'instrument se font en ce moment, et cela pousse la conception des harmonicas diatoniques eux-mêmes vers des nouveaux modèles qui tentent de faciliter la capacité qu'a l'harmoniciste de faire produire des sons étonnants à ces petites lamelles par des ajustements subtils du souffle et de l'embouchure. Toutefois, d'autres approches moins publicisées proposent le même mariage entre chromaticité et expressivité, et sont sans doute prometteuses. L'époque que nous vivons est fascinante pour l'harmonica, et cet article a pour volonté d'être un large survol de "L'Etat de l'Harmonica", agrémenté de mes intuitions sur l'avenir de l'instrument, de sa conception et des techniques de jeu. Deux constructions de base de l'harmonica à anches simples Bien qu'il existe de nombreuses constructions d'harmonicas à anches doubles (tremolo et accordés à l'octave, plus les instruments basse et d'accords), comme les accordéons, ces instruments ne peuvent pas être altérés. Seul la construction simple et la technique de jeu de l'harmonica à anche simple permet son expressivité unique. Il en existe deux types : le modèle à 10 trous et 20 anches (ou lamelles) accordé Richter, aussi appelé "diatonique" ou "blues harp" par les anglo-saxons, et le modèle chromatique, généralement à 12 trous et 48 anches. Le point commun entre ces deux modèles est qu'il n'y a qu'une lamelle par note que peut produire l'instrument. Mais par bien d'autres côtés ils sont très différents. Le blues harp est un instrument à anches libres dans son expression la plus simple : un corps doté de dix alvéoles, fait en bois, en plastique ou en métal, deux plaques pour fixer les lamelles (celle du haut avec les lamelles soufflées et celle du bas avec les lamelles aspirées) et deux capots pour protéger les lamelles et tenir l'instrument. Le modèle le plus célèbre est le Marine Band Hohner, qui fut utilisé sur la plupart des enregistrements blues des maîtres de la première heure, de Little Walter à Sonny Boy Williamson II en passant par Big Walter Horton et Sonny Terry. Le diatonique à 10 trous est maintenant fabriqué par d'autres marques comme Suzuki, Huang et Tombo, mais la construction de base est toujours la même : une lamelle soufflée et une lamelle aspirée dans chaque alvéole, aucune mécanique mobile. Bref, l'interface minimale entre le joueur et la lamelle. Il fut conçu pour des mélodies folkloriques simples, et est accordé selon l'accordage diatonique de Richter qui propose une tessiture de trois octaves (bien que trois notes de la gamme soient omises pour parvenir à ce résultat). Chaque octave a un arrangement de notes différent, celle du bas prévue pour de l'accompagnement en accords, et les deux autres pour la mélodie. Puisque c'est un instrument diatonique, il est disponible en 12 clefs. L'harmonica chromatique est en fait la fusion de deux harmonicas diatoniques accordés à un demi-ton d'écart en un instrument. Il a seulement deux plaques de lamelles, mais chaque plaque a à la fois des lamelles soufflées et des lamelles aspirées, quatre lamelles par alvéole. Une tirette à ressort concentre le flot d'air sur une lamelle seulement, et le joueur peut l'actionner pour avoir accès à une gamme chromatique complète. En raison de l'inévitable déperdition d'air liée à la présence de la tirette, des valves sont apposées aux lamelles pour que lorsque le joueur joue une note soufflée, la note aspirée opposée soit isolée et donc ne vibre pas - et vice-versa. La tessiture du modèle à 12 trous est aussi de trois octaves, mais l'agencement des notes est tel que toutes les notes de la gamme chromatique soient accessibles et que leur répartition soit régulière sur les trois octaves. Larry Adler fut le principal interprête à populariser l'instrument, mais de grands musiciens comme Toots Thielemans et Stevie Wonder l'ont présenté à des publics plus modernes. Le chromatique est généralement disponible en clef de C (Do) mais d'autres clefs sont disponibles. La Source de l'Expressivité de l'Harmonica C'est la connection directe entre le souffle du joueur et les anches simples qui rend ces deux modèles si expressifs. Les premiers joueurs découvirent rapidement qu'en changeant la forme de leur bouche et l'attaque du jeu, ils pouvaient faire sonner les lamelles de manière bien différente de leur tonalité "naturelle". A tel point que ces techniques sont maintenant au coeur des sonorités associées à l'instrument. L'Altération est la sonorité qui donne son identité au diatonique, et c'est grâce à elle qu'il est devenu l'intrument parfait du blues. Sur le blues harp, il n'y a pas de valves, ce qui signifie que lorsque vous soufflez et aspirez, il y a une interaction entre les lamelles dans chaque alvéole. En temps normal, cela signifie juste que vous obtiendrez les deux notes en alternance (par exemple un Ré en aspirant et un Do en soufflant). Cependant, lorsque vous modifiez votre embouchure sur la note aspirée, vous pouvez baisser sa tonalité presque jusqu'à la note soufflée. Dans le cas présent, vous pouvez altérer le Ré jusqu'à descendre à un Ré bémol. Cette règle s'applique à toutes les paires de notes sur l'harmonica (il y a même sur l'accordage Richter un Si aspiré au dessus d'un Sol soufflé, dans le troisième trou d'un harmonica en Do, et qui peut donc être altéré pour obtenir un Si bémol, un La ou un La bémol en plus du Si naturel). Jouer ces notes juste est simplement une question d'apprentissage (de même qu'un violoniste apprend à jouer juste à l'oreille), mais une fois que la technique est maîtrisée, le diatonique dispose soudain d'une série de notes suppléméntaires. Jusqu'à très récemment, on supposait que les lamelles faisaient ce qu'on les entendait faire, c'est à dire que la plus aigüe s'altérait vers la plus grave. Toutefois, de manière très surprenante, c'est l'inverse qui se produit : sur un instrument sans valves comme un diatonique normal, c'est la lamelle la plus basse qui monte en tonalité. Quand vous aspirez ce Ré et qu'il semble descendre fluidement jusqu'au Ré bémol, c'est en fait la lamelle de Do soufflé qui produit le son - alors même que vous ne soufflez pas ! Cela a beau être complètement contre-intuitif, ça n'en est pas moins vrai, et se vérifie même lorsque la note soufflée est plus aigüe que la note aspirée, puisque c'est à ce moment là la note soufflée qui semble descendre de tonalité alors que le son est en fait produit par la note aspirée. Sur un instrument valvé comme le chromatique, il n'y a pas d'interaction entre les lamelles actives, mais une certaine mesure d'altération est tout de même possible en modifiant son embouchure. C'est une altération plus légère et moins puissante, et il est très difficilé d'en maintenir la tonalité, mais elle permet une grande expressivité néanmoins. Stevie Wonder l'utilise de manière très efficace en attaquant la note un peu en dessous ou en laissant traîner une note vers le bas et, bien sûr, pour ajouter du vibrato. Dans la mesure ou chaque lamelle est valvée sur un chromatique, cette technique peut être utilisée pour toutes les notes, soufflées ou aspirées. Par contre, sur un diatonique, alors que la note la plus aigüe dans chaque alvéole peut être altérée, il ne semblait pas qu'on puisse affecter les notes soufflées d'une quelconque manière - jusqu'à ce que les overblow soient découverts. Cette technique est une conséquence encore plus étonnante de l'interaction entre les deux lamelles du diatonique et fonctionne à l'opposé de l'altération. Si nous nous concentrons de nouveau sur le Ré aspiré et le Do soufflé, lorsque vous soufflez sur le Do et modifiez votre embouchure, la note saute à Mi bémol ! C'est un overblow - ou overbend comme on devrait plutôt les appeler. En premier lieu leur sonorité semble grinçante et instable, mais encore une fois, avec un instrument correctement ajusté et beaucoup de travail, on peut obtenir une note claire. Que se passe-t'il ? En fait, il s'avère que lorsque vous effectuez un overblow sur le Do soufflé, c'est en fait la lamelle du Ré aspiré qui monte d'un demi-ton ! Encore une fois cela semble contre-intuitif, mais c'est bien le cas, et ça se vérifie sur toutes les paires de lamelles de l'harmonica. Si la lamelle aspirée est plus grave que la lamelle soufflée, lorsque vous aspirez comme il faut, la note qui jaillira sera un demi-ton au-dessus de la note soufflée. Lorsque l'altération et les overbends sont combinés, l'humble diatonique devient soudain un instrument capable d'une gamme chromatique complète - menant à toutes sortes de possibilités qu'on imaginait pas auparavant. Par contre, comme il n'y a pas d'interaction entre les lamelles d'un harmonica valvé, le chromatique ne permet pas les overbends. Ils ne sont pas utiles toutefois puisque toutes les notes de la gamme chromatique sont disponibles de toute manière. Lisez en plus sur la physique des lamelles d'harmonica. Le scène aujourd'hui : le règne du Diatonique Pendant longtemps, le chromatique a été considéré comme le seul choix valable pour un musicien "sérieux". Mais depuis quelques années, les projecteurs sont clairement braqués sur le diatonique. Le joueur de jazz américain Howard Levy est le principal promoteur de l'approche "overblow". Son étonnante maîtrise de la technique associée à une grande connaissance musicale lui a permis d'élever l'humble blues harp vers des styles musicaux précédemment inimaginables sur cet instrument, comme le bebop, le jazz/rock, la musique classique et des styles musicaix d'europe orientale ou du moyen orient. De nombreux autres interprêtes ont suivi cette voie, et il y a maintenant toute une école "overblow". La technique devient de plus en plus populaire et généralisée, et elle est enseignée de même que l'altération comme faisant partie intégrante de la maîtrise de l'instrument. Vous pouvez en apprendre plus sur Howard sur son site web. Dans le domaine blues et R&B, Carlos Del Junco a mis en pratique les techniques d'overblowing avec une grande maîtrise.
Dans la mesure ou la technique des overbends nécessite un ajustement fin des lamelles pour fonctionner correctement, la compréhension du fonctionnement des lamelles et de l'optimisation de leur fonctionnement a beaucoup avancé depuis quelques années. Rick Epping, de Hohner USA a appris tous les trucs du métier d'ajusteur de lamelles en tant que réparateur d'accordéons, et a une très bonne compréhension de la manière de faire fonctionner un harmonica au meilleur de sa capacité. Rick n'a pas hésité à partager cette connaissance ; l'un de ceux qui se mirent à travailler d'arrache pied à partir de ces bases est Joe Filisko, le plus connu des techniciens d'harmonica. Filisko s'est fait un nom comme celui qui travaille les harmonicas de Levy, et ses instruments sont maintenant très demandés par les professionels. La différence entre ses harmonicas et le modèle en série qu'on achète en magasin est extrème, le moindre détail de l'instrument étant idéalement ajusté, jusqu'au profil des lamelles. Bien sûr, cela signifie que ces instruments peuvent coûter dix fois plus chers, vu le temps passé à les re-travailler. Cela justifie aussi de remplacer les lamelles qui cassent ou sont hors d'usage (l'altération et l'overblow peuvent fatiguer rapidement les lamelles), et beaucoup de joueurs suivent maintenant cette voie, soit en le faisant eux-mêmes, soit en le faisant faire par un technicien. Une approche très différente du concept 'jouez puis jetez' mis en avant par les fabriquants... Des Nouveaux Concepts Innovants Cependant, même sur un harmonica bien ajusté, l'overblow est encore une technique difficile à maîtriser, en particulier sur l'ensemble de l'instrument. Plusieurs nouvelles constructions de l'instrument on été développées pour permettre de parvenir plus facilement à jouer des overblow nets et forts sur chaque note. Une découverte importante a été la constatation que lorsque la lamelle la plus grave est empêchée de vibrer lorsqu'un joueur joue un overblow, la note produite était bien plus forte et bien plus facile à produire, et ce principe a été utilisé dans trois concepts différents. Le premier de ceux-ci est l'Overblow Harp de Henry Bahnson. C'était un Golden Melody Hohner avec une tirette qui lors de sont activation se déplaçait sur la surface de la plaque de lamelles pour couvrir les lamelles graves. Ainsi elle bloquait la lamelle, l'empêchant de vibrer. Malheureusement, le modèle était complexe à fabriquer, et pas évident d'utilisation, donc ne fut jamais vendu de manière significative. Une autre approche fut adoptée par Winslow Yerxa et son modèle de Discrete Comb ("Corps Discret"). Dans ce modèle, les alvéoles des lamelles aspirées et soufflées sont séparées, l'une au dessus de l'autre. Le joueur peut donc jouer les deux ensemble, "normalement", ou les jouer isolément, permettant à la fois des altérations faciles et des overbends faciles. Malheureusement, l'instrument ne peut être fabriqué sans un corps environ deux fois plus épais que la normale, ce qui le rend inconfortable à la bouche de nombreux joueurs. L'approche la plus récente et peut-être la plus prometteuse est l'harmonica Overdrive MR300, conçu et produit par Suzuki. Il utilise des capots spéciaux : les capots normaux d'un harmonica constituent une seule chambre ouverte qui couvre l'ensemble des lamelles d'une plaque, alors que l'Overdrive a des capots divisés qui constituent une chambre individuelle étanche pour chaque lamelle, dotée d'un trou à son extrémité pour que l'air s'échappe. Lorsque le trou est ouvert, tout se passe comme sur un harmonica normal, mais lorsque ce trou est bouché par le doigt du joueur, l'un des deux lamelles du couple se retrouve bloquée (puisque l'air ne peut plus sortir) et les altérations ou les overbends (selon le trou bouché) s'en retrouvent facilités. L'instrument reste difficile à tenir en main et nécéssite un apprentissage de jeu, mais des améliorations futures devraient faciliter ces aspects. Une approche différente de l'overblowing qui a aussi pour but d'améliorer l'expressivité et la chromaticité de l'harmonica diatonique, c'est de permettre à plus de notes de s'altérer. Le modèle Suzuki ProMaster MR350V est un modèle semi-valvé. Des valves similaires à celles du chromatique sont apposées à la lamelle la plus grave de chaque alvéole. Ceci permet à la note la plus grave d'être altérée comme sur un chromatique, conférant une plus grande expressivité sur ces notes alors que les notes aigües peuvent toujours être altérées. Toutefois, les valves modifient la sonorité des notes, et les altérations valvées sont difficiles à controler pour en produire des notes stables et utilisables. Sortis dans le commerce à peu près au moment ou la technique des overblow se popularisait, ces modèles n'ont jamais atteint une réelle popularité. Une approche plus radicale mais dont l'objectif est semblable a été prise par Rick Epping dans son système déposé des "Enabler Reeds" ou "Lamelles Facilitatrices". Celles-ci sont des lamelles supplémentaires ajoutées dans les alvéoles et qui permettentaux lamelles qui ne peuvent normalement pas être altérées d'être quand même altérées grâce à l'interaction entre les lamelles normales et les lamelles facilitatrices. Du coup on dispose de notes supplémentaires qui permettent la chromaticité. Bien que seulement quelques proptotypes aient été développés jusqu'à présent, c'est un concept prometteur puisque l'altération est beaucoup plus facile pour beaucoup de joueurs que ne le sont les overblows. Qui plus est, la qualité des notes altérées a tendance à être meilleurs. Cela dit, un instrument à "Lamelles Facilitatrices" sera difficile à fabriquer et coûtera donc cher. Il n'est pas sûr à ce jour qu'il devienne un jour disponible commercialement. Directions pour l'avenir C'est toujours délicat d'essayer de prédire l'avenir, mais à mon sens les prochaines dix ou vings années vont voir une convergence accrue entre les conceptions du diatonique et du chromatique. Bien que l'action se concentre aujourd'hui sur le diatonique, même avec les techniques de l'altération et de l'overblow, le diatonique a des limites et des difficultés qui peuvent être surmontées à l'aide d'une conception chromatique de l'instrument. Par exemple, les trilles et ornementations possibles au chromatique sont impossibles au diatonique. Jouer des notes altérées et/ou des overblows vite et précisément est très difficile, et peut facilement dégénérer en un jeu désaccordé fort désagréable à l'oreille. Sur un harmonica chromatique, les notes sont jouées à leur tonalité naturelle, et sont par conséquent intrinsèquement justes.
Là où le chromatique pèche, c'est sur la sonorité puissante et expressive, et c'est la raison qui fait préférer à beaucoup de joueurs le diatonique, au point qu'ils sont prêts à faire des efforts extraordinaires pour apprendre à le jouer chromatiquement. Cela dit, la connaissance de ce qui fait mieux fonctionner harmonicas et lamelles aidant, il me semble inévitable d'assister à une convergence des deux types d'harmonicas à lamelles simples, pour aboutir à un instrument qui dispose "naturellement" de toutes les notes de la gamme chromatique mais sur lequel on puisse altérer ou faire des overblows avec l'expressivité du diatonique. Cela rendra toutes les notes enharmoniques, c'est à dire disponibles soit selon l'activation naturelle du souffle, soit par altération ou overblow d'autres lamelles. Il y a déjà un précédent historique à cela, car les premiers harmonicas chromatiques des années 1920 étaient des harmonicas sans valves accordés Richter. L'harmonica Koch est toujours fabriqué de cette manière, mais il souffre d'une très mauvaise étanchéité et n'a donc jamais été très populaire. Le Slide harp Hohner est un autre chromatique accordé Richter qui pallie à certains des problèmes d'étanchéité du Koch grâce à un valvage partiel, comme sur le Suzuki ProMaster. Cela dit, il est encore loin d'être étanche, et donc pas beaucoup plus populaire. Ma propre approche est d'utiliser des conceptions de chromatiques plus étanches, comme celle du CX12 Hohner, et de les podifier en réaccordant les notes et en les valvant à moitié. Cela permet d'avoir un instrument correctement étanche qui a de nombreuses notes enharmoniques disponibles soit "au naturel", soit en altérant une autre lamelle. Cela dit, j'ai beau m'efforcer de rendre mes chromatiques le plus étanches possibles, je suis encore obligé de les valver partiellement, ce qui a deux conséquences : les overblows ne sont pas possibles, et le son est différent de celui d'un diatonique non valvé. Ces facteurs, ainsi que la plus grosse taille de l'instrument (qui rend les effets de main plus difficiles), seraient considérés sans doute comme des inconvénients par des ditaonicistes chevronnés.
En conclusion... Pour parvenir à une étanchéité idéale et une bonne sonorité sur un instrument de petite taille, un chromatique Richter devra sans doute nécessiter une construction complètement nouvelle, avec une tolérance très très stricte au niveau des lamelles. Il sera peut-être impossible de marier les deux instruments, mais les tentatives continueront sans doute, car le pouvoir d'attraction de la combinaison optimale de la chromaticité complète et de l'expressivité est très fort. Vu l'activité intense sur la scène harmonicale en ce moment, et le rythme actuel des innovations, je pense qu'il ne faudra pas attendre longtemps que des nouveaux modèles nous rapprochent encore un peu de cet objectif. - Brendan Power Article, fichier sons et images sont tous ©2000 Brendan Power, et utilisées avec permission de l'auteur |
||||||
Cet article a aussi été publié dans le webzine Rootsworld |