Clint Hoover - Dream
of the Serpent Dog
Ca n'est pas souvent qu'on a l'occasion d'écouter un album dont émane
une réelle atmosphère, un lien au-delà de la musique elle-même qui vous transporte de
la première à la dernière plage à travers ce que la musique évoque plus que par la
manière dont elle est jouée.
Cet album de Clint Hoover est de ceux-là. Pas un ouvrage de virtuose, pas
une leçon d'harmonica, un régal pour l'oreille, tout simplement. Le jazz souffre souvent
d'être difficile d'écoute, mais ça n'est certes pas le cas de ce jazz là. La
contrebasse de Jim Chenoweth, la guitare de Bobby E. et le chromatique de Clint Hoover se
fondent en une ambiance dont la jaquette et certains titres nous suggèrent qu'elle
pourrait évoquer les dieux méso-américains perdus dans un monde contemporain.
Mais trève de grands mots : qu'est-ce qu'on y trouve dans cet album ? Et
bien tout d'abord des mélodies faciles à l'oreille, que ce soit dans un registre de
ballade (comme sur l'envoûtant 'Easy Dreams') ou des pièces plus rythmées (comme 'The
Schlepp' où après des solos endiablés les musiciens reprennent un par un le thème en
canon !). Certains morceaux approchent du World Jazz, comme 'Ripley's Waltz' que Clint
Hoover lance par un long solo arabisant accompagné discrètement par la contrebasse à
l'archet.
Hoover joue essentiellement du chromatique sur 'Dream of the Serpent Dog',
mais le seul morceau où figure son jeu de diatonique mérite qu'on s'y arrête quelques
instants : 'Snake Oil', le nom du titre en question est une pièce assez lente où la
contrebasse prend un rôle secondaire et discret. L'harmonie auditive entre la guitare et
le diatonique évoque le mexique, et les petites touches de percussion mettent en valeur
un petit bijou du jeu diatonique. Et à ceux qui disent que le diatonique n'est pas fait
pour jouer du jazz, ce morceau eut été impossible à jouer au chromatique. Pourtant, la
clarté du son de Hoover fait qu'on ne s'attarde pas sur l'instrument mais qu'on se laisse
envelopper plutôt pas la musique.
Depuis que j'ai cet album, il ne se passe pas une semaine sans que je ne
l'écoute. Il est facile d'approche et en même temps plein de surprises, je ne peux que
vous recommander vivement de vous le procurer au plus vite : par amour du jazz, de
l'harmonica ou tout simplement de la belle musique...
Benoît Felten |