| Adam Gussow a découvert l’harmonica pendant ses années
collège, à travers l’écoute de maîtres comme James Cotton ou Little Walter. Il
aime l’instrument presque viscéralement, mais en cette fin des années 70, pour qui
veut faire de la musique la mode est plutôt au jazz fusion, au rock psychédélique. Il
se met à la guitare mais sans pour autant abandonner complètement le dix-trous
qu’il affectionne. Plus tard, au milieu des années 80, alors
qu’il joue quelques morceaux en solo au cours d’une manifestation étudiante, il
est repéré par un chauffeur de taxi noir qui l’aborde dans la rue. C’est
l’harmoniciste Nat Riddles qui, lorsque la musique ne le nourrit plus conduit des
taxis dans New York. De leur rencontre naît une amitié et une étrange relation
maître-élève qui perdurera jusqu’à la mort de Nat une dizaine d’années plus
tard.
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Adam se remet donc sérieusement à
l’harmonica, et s’incruste dans les petits clubs de blues ou de jazz de la
Grande Pomme pour boeufer jusqu’à des heures indécentes avec les musiciens du cru.
De Nat il apprend un sens du groove, une puissance de son, un respect des maîtres du
blues. Il élargit aussi son univers musical et écoute beaucoup de jazz.
Puis, à la fin des années 80, il rencontre Mr Satan à Harlem. Mr
Satan est un vieux noir barbu, l’air prophète, qui joue de la guitare et des percus
sur les rues de Harlem. Une célébrité locale en quelque sorte. Il chante puissant et
s’accompagne avec un groove particulier ; il combine le côté brut du prêcheur
et le groove funky de sa guitare pour un mélange détonant. Dès qu’il
l’entend, Adam sait qu’il est prédestiné à jouer avec cet homme là, ne
serait-ce que par leurs noms : Satan et Adam…
Ils montent ensemble un répertoire en duo, et deviennent un des
spectacles de rue les plus courus de Harlem, puis d’autres quartiers de New York où
ils s’exportent. Finalement, grâce au dur travail d’Adam ils décrochent un
contrat pour faire un disque qui sera le premier de trois : Harlem Blues.
Le disque marche très bien à sa sortie, et sera suivi de ‘Mother
Mojo’ et de ‘Living on the River’. Mi-98, Mr Satan souffre de problèmes
cardiaques et repart dans sa Virginie natale pour se requinquer. C’est la fin du duo,
pour la grande déception de tous ceux qui n’avaient pu les voir alors qu’ils
commençaient seulement à se produire en Europe.
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Etrange d’imaginer qu’à quarante ans, et avec sans
doute de belles années devant soi on puisse écrire une autobiographie. On peut aussi se
demander quelle légitimité un harmoniciste de blues peut avoir pour écrire un texte de
cette nature. Il ne faut pas oublier qu'avant d'être harmoniciste Adam étudiait la
littérature américaine, et en particulier l'influence et les traces que la communauté
afro-américaine et le blues en particulier ont laissé sur la littérature américaine.
Au-delà de toutes ces considérations, ce bouquin est tout simplement passionant. Dès
qu'on l'a en main, on ne peut plus le lâcher. Bien écrit, très bien construit, il
brille des personnalités exceptionnelles des bluesmen noirs qui ont marqué la vie
d'Adam. Si vous lisez l'Anglais, n'hésitez pas ! |
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Depuis, Adam Gussow a repris ses études
pour obtenir un PHD de Littérature Américaine, et raconté ses aventures musicales avec
Mr Satan dans un livre, ‘Mr Satan’s Apprentice’ sorti fin 98. Il n’a
pas arrêté l’harmonica pour autant et s’est produit aux côtés de Bill Perry,
et de quelques autres pointures du blues New-Yorkais. Il joue régulièrement en duo avec
le guitariste Charlie Hilbert. Enfin, il enseigne deux cours réguliers associés au
blues : Le Lundi soir à la New Scool un cours intitulé " Juke Joint
Witness : The Blues Tradition in American Literature " et le mardi soir un
cours d’Introduction à l’Harmonica Blues au Guitar Study Center
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