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Discographie d'Adam Gussow |
Adam n'a que trois disques à son actif, les trois en duo avec Mr
Satan. Souhaitons qu'il enregistre de nouveau rapidement, car la qualité de ces trois là
vaut le déplacement...
Harlem
Blues
Cet album est tellement brut quon ne peut pas ne pas
sentir que lorigine du duo Satan & Adam soit la rue. Ils sont rentrés dans une
salle denregistrement, fait une balance (plus ou moins) et lancé la bande. Avec les
imperfections que cela suppose, mais des imperfections qui font partie du jeu. Il permet
clairement de sentir aussi pourquoi le duo était si populaire à Harlem et dans Central
Park. A lécouter, je regrette vraiment de ne jamais les avoir vu en Live
Lalbum commence sur une chanson qui pète, I want
you, les percus aux pieds de Mr Satan à plein pot, et sa voix soul rauque qui
attaque à fond. Il y a quelque chose dans ce morceau qui fait quil est impossible
de ne pas réagir à la rythmique
Heureusement, tout lalbum nest pas à
ce rythme sans quoi ça en deviendrait lassant. Le duo alterne entre des morceau plus
soul, plus groovy et des bon rockers qui déménagent.
Tous les éléments qui forgent le son de Satan & Adam sont là, à
létat brut : les cymbales et la gratte de Mr Satan (avec un petit tremolo
sil vous plait), sa voix et sa joie de chanter qui exultent, et bien sur,
lharmonica de Mr Gussow
Le son global dailleurs provient de
ce rôle très particulier que joue Adam dans linstrumentation. Il nest pas
seulement soliste, lharmonica participe à la rythmique, mais pas de la manière
habituelle quon pourrait imaginer : ce ne sont pas des accords, mais une nappe
qui se tisse derrière la guitare, des notes rapides qui tournent autour du chant, bref,
une touche jazzy qui entoure en permanance lensemble.
Bref, Harlem Blues a de lénergie à revendre, aucun doute
là-dessus. Il témoigne dun blues de la rue, mais dun blues noyé
dinfluences soul, jazz et funk, un blues éminemment joyeux.
Mother
Mojo
Dès le début de ce second album, on sent une certaine recherche de
son qui nétait pas présente dans le premier. Mais le cur du duo est toujours
là : cest la joie de jouer ensemble, présente à tout instants, même lorsque
Mr Satan entame des chansons plus tristes.
De toute évidence, le côté jazzy dAdam commence à se faire
sentir plus clairement sur ce disque. Certains morceaux, tout en gardant une sonorité
blues, frisent même ce territoire mystérieux : ainsi la reprise de Watermelon Man.
La structure dentrée dans lalbum est similaire à celle
utilisée dans Harlem Blues : commençons avec un truc qui bouge. Le Mother
Mojo du titre est bien de cela, une rythmique très funky, un beat sans pitié.
Ensuite senchaînent quelques morceaux plus relax, dont le superbe Aint nobody
better than nobody, la chose la plus proche dune ballade quon puisse entendre
sur ce disque, même si la rythmique semporte par moments.
Plus que dans le premier peut-être, le côté prêcheur de Mr Satan
est apparent, il apostrophe lauditeur avec tant de conviction quon jurerait
quil est au coin de la rue. Cela ressort en particulier le morceau Freedom for
my People où il dit Weve been waiting / Hoping and Praying /
Something must have gone wrong / Its taking way too long qui rappelle les
meilleurs passages de la biographie dAdam, lorsque celui-ci sobstine à aller
jouer avec Mr Satan alors même que les émeutes raciales secouent Harlem.
Finalement, ce second album perd peut-être un peu de cette énergie
primitive qui illuminait Harlem Blues, mais cest pour gagner une certaine profondeur
de ton et une légèreté toute jazzy. On y perd pas au change.
Living on the River
La veine jazzy qui s'amorçait dans Mother Mojo se confirme ici, en
particulier à travers le jeu dharmonica dAdam, et certaines instrumentations
plus étoffées. On y trouve même une section cuivre sur Proud Mary. Du point
de vue son, la progression est évidente entre Harlem Blues et Living on
the River. Il y a plus despace ici. Mr Satan use de ces percussions avec plus
de parcimonie, voire même invite dautres percussionistes à entourer le duo.
Ce son plus raffiné est en particulier évident sur la reprise (très
remaniée) du standard de blues Stagga Lee ou sur le triste récit Ode
to Billy Joe que Mr Satan conte plus quil ne chante sur le fond musical
guitare / harmonica, lhistoire dun jeune qui se suicide, dans
lindifférence de tous sauf du conteur.
La son dharmonica dAdam Gussow trouve son territoire de
prédilection dans cet espace plus dépouillé, et ses phrasés véloces et inhabituels
(pour du blues) y prennent racine.
Dans lensemble, cet album est plus introspectif que les deux
précédents, un peu plus mélancolique, même si plusieurs morceaux rappellent que les
réserves dénergie du duo ne sont pas épuisées loin de là. Mais de toute
évidence, Satan & Adam est ici un groupe plus mur à la fois au niveau du son, des
instrumentations et des textes. Cest clairement celui que je préfère des trois,
même si jai toujours beaucoup de plaisir à réécouter les deux premiers
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