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Olivier
Ker-Ourio - Oté l'Ancêtre !
J'attendais avec impatience le second album du joueur de jazz chromatique
Olivier Ker Ourio depuis qu'il m'avait dit qu'il était en train d'en enregistrer les
premiers morceaux, et le résultat ne m'a vraiment pas déçu. Le son sophistiqué et la
technique dont il faisait preuve sur son premier CD 'Central Park Nord' m'avaient
impressioné et continuent à m'impressioner à travers ce qu'il nous propose ici.
Cependant, son premier album, s'il présentait un son et un style tout à fait
intéressant, rappelait de trop Toots Thielemans à mon goût. Le côté raffiné de son
jeu subsiste dans ce second album 'Oté l'Ancêtre', mais j'ai le sentiment d'entendre
plus clairement la voix musicale d'Olivier qui transparait, et j'aime vraiment ce que
j'entends ! Il est clair que beaucoup d'efforts ont été consacrés à la production d'un
album qui aie exactement l'ambiance voulue : il y a ici une vraie communication entre
Olivier et ses musiciens.
'Oté l'Ancêtre', dont sept morceaux sur dix ont été composés par Olivier est un
hommage à son ancêtre Joseph Ker Ourio. Joseph quitta la Bretagne en 1728 et s'installa
à la Réunion où Olivier est né et a vécu son enfance. Les colons Français
emmenèrent avec eux la musique traditionnelle bretonne. Au contact des cultures
africaines et indiennes des communautés installées sur l'île cette musique s'est
transformée pour acquérir une saveur particulière qui est très évidente sur 'Maloya
la Terre Volcan', où l'on entend clairement le groove distinctif de la réunion. Si la
musique de ce CD est une indication valable, la Reunion doit vraiment être un endroit
agréable à vivre ! Cet album nous entraîne donc dans un voyage musical de Bretagne
('Sur les quais de Lorient', les quais de Lorient que quittèrent ses ancêtres) jusqu'à
l'île ('Entre deux mers'), où nous ressentons l'atmosphère de ses différentes régions
('Les Maures', 'Brouillard sur le Maïdo'). Le morceau 10 'Candy Man', propose aussi à la
fin une version alternative du morceau 1. Mais soyez patients, vous ne l'entendrez
qu'après environ 8 minutes de silence suivant la fin de 'Candy Man' ! (Mais ça vaut le
coup d'attendre.)
Alors que les ancêtres d'Olivier avaient quitté leur terre natale pour fuir la pauvreté
matérielle, Olivier y est revenu tel l'enfant prodigue, avec une richesse culturelle
qu'il nous fait partager par son jazz.
Paul Farmer |