Olivier Ker-Ourio - A ride
with the wind
Le 3è CD d'Olivier renforce
sa place de sérieux prétendant à l'héritage
du Baron Toots Thielemanns laissera aux futures générations
d'harmonicistes chromatiques de jazz. En ce qui concerne Olivier,
cet héritage est en de bonnes mains. Toots lui-même
en fait la remarque sur cet album puisqu'il vient jouer en duo
sur le morceau 'Caesar', une occasion unique d'entendre l'ancienne
et la nouvelle garde s'en donner à cur joie
Le titre, et le côté relax de l'album dans son
ensemble sont reflétés dès l'entrée
par l'approche décontractée du premier morceau
'Cevennes'. Comme 8 des 9 morceaux de l'album, il est composé
par Olivier, qui démontre ainsi un talent particulier
pour écrire spécifiquement pour l'harmonica, mettant
en avant la " voix " unique de l'instrument.
Tout en restant proche de l'école " note unique
" des harmonicistes de jazz modernes (à l'exception
notable des travaux les plus avant-gardistes deToots avec Joanne
Brackeen et du jeu de William Galison), il est agréable
d'entendre Olivier utiliser avec goût les possibilités
d'intervalles et d'effets fournies par le chromatique d'une
manière qui permet de donner à son jeu une identité
propre. Ils ne sont pas utilisés trop souvent au point
de sonner " cliché " mais suffisamment pour
attirer l'attention de l'auditeur.
'Nelsinho' est un des morceaux les plus étonnants de
l'album, l'harmonica d'Olivier se mêlant à la voix
d'Isabelle Carpentier. Ils " vocalisent " tous deux
des lignes mélodiques en harmonie, ce qui apporte de
l'eau au moulin de ceux qui pensent qu'une des caractéristiques
uniques de l'harmonica est de ressembler à la voix humaine.
L'inclusion de jeu plein de finesse du contrebassiste Gildas
Boclé est un complément superbe. Il est d'ailleurs
une des personnalités musicales les plus intéressantes
de l'album. Le son riche et profond de son instrument permettent
non seulement de développer le caractère de plusieurs
des morceaux mais le contraste entre les lignes harmoniques
profondes de Gildas à l'archet et celles alto d'Olivier
à l'harmonica sont superbes.
L'approche d'Olivier est plutôt décontractée,
elle captive l'attention plutôt par des lignes mélodiques
fortes que par une pyrotechnie sans objet, bien qu'il montre
par moments qu'il est capable de jouer vite et puissant. A travers
tout l'album, Olivier a écrit des arrangements tels que
l'harmonica harmonise fréquemment d'autres instruments
pour de longues lignes mélodiques. Comme le travail de
William Galison avec le saxophoniste de l'album 'Midnight Sun',
'A Ride With The Wind' démontre encore une fois qu'entre
les mains d'un musicien de talent, le chromatique peut jouer
un rôle légitime dans un ensemble. Cette constatation
devrait lui donner plus de crédibilité sur la
scène jazz, pas seulement en tant que voix unique mais
comme un instrument qui procure un son nouveau et frais à
la structure harmonique d'ensemble. Cet album devrait être
une écoute obligatoire pour ceux qui souhaitent devenir
des harmonicistes chromatiques de jazz.
Paul Farmer
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