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Critiques

Bill Barrett

Carlos Del Junco- Up and At Them


Comme l'illustre le titre de son précédent album, " Big boy : some recycled blues and other somewhat related stuff ", il n'a pas fallu bien longtemps à Carlos del Junco pour que son nom soit synonyme d'un certain éclectisme sans trahir pour autant une genèse imprégnée de blues.

Carlos, qui nous revient aujourd'hui avec une nouvelle galette intitulée " Up and at 'em " continue donc son chemin vers des territoires musicaux toujours plus variés.
Comme on pouvait s'y attendre, il brille à nouveau par une technique impressionnante qui pour la plupart sait se faire oublier et laisser la place a la musique. " Up and at 'em " offre à l'auditeur un mélange assez équilibré de compostions et de reprises, acoustiques ou électriques, dans un panel de style suffisamment large pour que chacun y trouve son compte.
A la première écoute, l'album se présente comme un pot pourri de jazz, funk, rock, et autres morceaux aux couleurs latines. Du blues il reste quelques accents ou phrasés qui se mélangent à l'ensemble et viennent lier le tout. Comme a son habitude, Carlos utilise l'harmonica avec intelligence, changeant fréquemment de position au sein d'un même morceau pour en varier les couleurs. Son timbre et l'onctuosité de son vibrato, la justesse de ses altérations et la maîtrise de ses overblows sont toujours aussi éclatants et représentent une référence pour tout harmoniciste.

Une écoute plus approfondie révèle cependant les limites de cette approche éclectique qui séduit au premier abord. La trop grande variété d'influences et de sons joue en défaveur d'une certaine cohésion du disque qui apparaît donc comme une suite de morceaux plutôt que comme un tout si bien que l'on se surprend à ne pas écouter l'album dans son intégralité mais à naviguer d'un morceau à un autre au grès de l'humeur du moment. Ce manque de cohésion se ressent également dans l'orchestration et la production du disque ou l'on passe d'un morceau au style très épuré à un autre ou la surcharge est omniprésente : le morceau manque d'air et le jeu de Carlos, si impressionnant de finesse par moments se retrouve noyé dans un ensemble d'instruments tous plus présents les uns que les autres.
Enfin, ce même caractère disparate se retrouve dans le son et le jeu du guitariste Kevin Breit qui semble avoir autant de bon goût en acoustique que de mauvais goût sur un certain nombre des morceaux où il joue électrique.

Au final, une véritable cohésion n'apparaît que vers la fin du disque à l'écoute des trois derniers morceaux qui, a eux seuls, semblent servir de point de départ à un album qui restera probablement inachevé. A moins que Carlos ne décide de nous offrir un album pour chacun des styles qu'il affectionne : cela promettrait de belles heures d'écoute !

Xavier Lanusse -Cazalé


Pour se le procurer :

http://www.carlosdeljunco.com